La différence des classes sociales à Mexico : AmarTeDuele
MARTINEZ,
Ma. del Pilar
Paris
III Sorbonne Nouvelle
Cinémas
et cultures
La différence des classes sociales
à Mexico : AmarTeDuele
La
problématique générale du film « AmarTeDuele » est la discrimination
de classes à Mexico. Pour bien comprendre cette affirmation, et pour éviter
tout possible malentendu, il faut d’abord exposer les particularités de la
discrimination et du racisme mexicain.
Dans
le contexte mexicain, le concept de « race » a été utilisé de
différentes façons à travers l’histoire du pays. Pendant l’époque coloniale[1] le
concept de race avait une signification non seulement culturelle mais
biologique.
Avec
le temps et le métissage, la séparation entre indigènes et espagnols a diminué.
A partir le 18ème siècle, la formation et l’identification sociale
commence à se délier de l’idée de race biologique et bouge vers un concept de
race fondé dans les éléments distinctifs de l’appartenance à une classe sociale :
langue, études, pouvoir économique. Ce mouvement conceptuel est tel qu’au 19ème siècle, le mot
« race » commence à se confondre dans la langue parlée avec l’idée de
classe sociale.[2]
En conséquence, il est possible de dire qu’à Mexico, le racisme et la
discrimination sont liés plus à un statuquo social qu’à une appartenance génotypique
quelconque ; ceci donne pied à une ségrégation sociale liée à
l’appartenance de classe. Javier TREVINO explique dans son mémoire sur le
racisme au Mexique qu’en effet, ces pratiques à l’intérieur de la société de
Mexico, sont pour la plupart, perçues comme normales puisqu’elles ont pénétré
et intégré la vie quotidienne à travers de la routine.[3] En
effet, actuellement, les mots utilisés habituellement pour désigner une
personne indigène peuvent être appliqués à des individus sans aucune appartenance
réelle à ces groupes raciaux et inversement.
De
1998 à 2006, se sont produit au Mexique 255 long métrages[4],
et si certains d’entre eux parlent des conditions économiques difficiles et de
la place de la composante indigène dans la société mexicaine contemporaine,
aucun de ceux qui ont été distribués dans le circuit des salles de la ville de
Mexico, ne fait de sa problématique centrale la discrimination à cause de la
différence des classes. Mexico pourrait être perçue comme une ville raciste
puisqu’elle a crée et reproduit des définitions et des structures de domination
qui privilégient la différence sociale des individus qui la forment. Il faut
tout de même noter que différents mouvements de revendication sociale ont eu
lieu cette dernière décennie. Cependant, ceux-ci relèvent d’un autre champ
d’étude et restent, pour l’analyse de ce film, hors sujet.
Or,
en prenant en compte cette définition du racisme et de discrimination,
l’analyse de « AmarTeDuele » aura pour but de montrer quelles sont
les situations qui dans le film mettent en jeu cette différence de classes.
Cette analyse prêtera un intérêt particulier à la représentation visuelle de
ces différences ainsi qu’au rôle des personnages secondaires.
1° Contexte général
Dans
l’année 2000, le souvenir de la crise de 1994 est toujours présent. Lors de l’élection présidentielle Vicente Fox
y Quesada est élu avec 45% contre 35% de Francisco Labastida Ochoa. C’est alors
la première fois depuis 1917 qu’un parti d’opposition gagne la bande du
président ; il prend possession du poste le 1er décembre de
l’an 2000. Ce changement de pouvoir a été réalisé sans aucune violence et dans
le cadre démocratique prévu par la loi Fédérale Electorale ; ceci a valu
au président sortant Ernesto Zedillo Ponce de Léon être nommé directeur du
Centre de Développement et d’Etudes sur la Globalisation de l’Université de Yale ainsi que porte-parole
de la ONU pour les affaires de développement en Amérique Latine.
Lors
du commencement de la production de « AmarTeDuele » la 1ère
année du gouvernement du président Fox vient de s’écouler. Le bilan[5]
montre un minimum historique dans le taux d’intérêt, une inflation maîtrisée et
pour la première fois depuis 1970 une
inversion qui surpasse de 5.5% les prévisions économiques, cette année, le
pouvoir d’achat du SMIC a augmenté de 20%. Cependant, l’informe met aussi en garde car les signes d’un possible ralentissement de l’économie
mondiale pour l’année 2002 commencent à être visibles.
D’un autre part, le président Fox, désireux d’une amélioration dans la division des pouvoirs ; augmente la liberté de presse. Afin de diminuer la discrimination, en novembre 2001, il propose au Congrès, la Loi Fédérale pour la Prévention et l’Elimination de la Discrimination. Ainsi, les années précédant la sortie du film et ceux de son tournage, sont des années de changement et de transition. Il est donc filmé pendant une période d’enjeux politiques majeures et d’attentes sociales encore plus grandes.
D’un autre part, le président Fox, désireux d’une amélioration dans la division des pouvoirs ; augmente la liberté de presse. Afin de diminuer la discrimination, en novembre 2001, il propose au Congrès, la Loi Fédérale pour la Prévention et l’Elimination de la Discrimination. Ainsi, les années précédant la sortie du film et ceux de son tournage, sont des années de changement et de transition. Il est donc filmé pendant une période d’enjeux politiques majeures et d’attentes sociales encore plus grandes.
Dans
ce contexte, la représentation collective de la discrimination et du racisme à
Mexico est troublée par le fait de ne pas avoir un cliché spécifique, si
celui-ci est lié parfois à une situation raciale (origine indigène) il est
aussi très fortement lié à un pouvoir économique difficile à mesurer à première
vue. De cette façon, la première difficulté est la négation d’autrui, le fait
de penser que la société mexicaine agit comme si tous se composants étaient
perçus et traités de la même façon. Contreras Soto l’exprime clairement dans
cette phrase : « La négation de l’autre est la première et plus grave
violation des droit humains; car elle se concrétise dans le refus des droits
économiques, sociaux, politiques et culturels des groupes marginalisés. »[6] Obtenir
une image précise de cette représentation serait peut-être possible mais cela
demanderait des études approfondies et du terrain qui sont hors du champ d’analyse
de ce dossier. Cependant, certaines images et codes vestimentaires dont
l’interprétation peut-être en accord avec une certaine idée de cette
manifestation, seront présentés dans l’analyse du film.
« AmarTeDuele »
raconte un point clef de la représentation sociale de la discrimination à
Mexico car il parle de la discrimination entre jeunes. Comme il est montré dans
les résultats de l’enquête du Conseil National pour la Prévention de la
Discrimination, « Les jeunes à Mexico sont capables de convier avec
l’autre dans le sens plein de la tolérance, que de façon implicite consiste à
interchanger des idées dans le respect mutuel pour chercher des accords, si il
y a une affinité préexistante, une identification qui leur soit rassurante. Il
est très important qu’ils ne se sentent pas menacés ni dans leurs croyances ni
dans leur intégrité physique. »[7]
Cette discrimination fondée dans la non-affinité des groupes sera la pierre
angulaire de l’histoire du film.
2° Contexte particulier : Contexte
du cinéma mexicain au moment du tournage d’« AmarTeDuele »
Les
années 2000 sont marquées par le couramment nommé “Nouveaux cinéma
mexicain ». Développé au début des
années 90 ; celui-ci a comme caractéristiques principales le quotidien, la
migration, la corruption, la violence urbaine et le réalisme magique[8].
« Como
agua para chocolate » (Les épices de la passion) d’Alfonso Arau, est
considéré comme le premier film de ce renouveau. C’est à partir de 1991 que
l’IMCINE commence à participer de façon plus étroite à la distribution des
films dont l’investissement est privé[9].
Or, « Les épices de la passion » est suivi
chaque année d’un film à résonance internationale : « Fraise et
chocolat » en 1993, « Le passage des miracles » de Jorge Fons en
1994. L’année 1995 donne aux mexicains le film « Cilantro y Perejil »
(Coriandre et persil) et celui du 1996 « Quien diablos es juliette »
(Cuba mon amour) de Carlos Marcovich.
Malheureusement,
en 1997 l’industrie du cinéma au Mexique s’effondre. La crise de 1994 touche de plein fouet, et cette année sont
produits uniquement 9 films dont le plus connu est « El evangelio de las
maravillas » (L’évangile des merveilles) d’Arturo Ripstein. Pourtant, la
création du programme de support aux jeunes talents en 1998 ; aura comme
conséquence la production du film mexicain le plus rentable de l’histoire de ce
cinéma : « Sexo, pudor y lâgrimas » d’Antonio Serrano qui
profite de la mise en place d’une nouvelle loi de l’audiovisuel[10]. Cette année est particulièrement prolifique
pour le cinéma, les films d’Arturo Ripstein « Pas de lettre pour le
Colonel » ainsi que celui de Luis Estrada « La loi d’Hérode »
seront aussi produits.
Cependant,
il était difficile d’imaginer à l’époque, l’impact qu’aurait un film mexicain
produit l’année suivante, 1999: « Amores perros » (Amours chiennes)
de Gonzalez Iñarritu. Sa production est suivi de celle de « Y tu mamá
también » en 2000 et « Le crime du père Amaro » en 2001. Tel est
le panorama cinématographique qui accueille en 2002 le film de Fernando Sariñana « AmarTeDuele ».
Le film
« AmarTeDuele »
est un film produit par AltaVista Films en coproduction avec El Charro Films.
Il a été distribué par VideoCine,
produit par Francisco Gonzalez Compéan, écrit par Carolina Rivera et réalisé
par Fernando Sariñana. La photographie a été celle de Salvador
« Chava » Cartas et le montage celui de Roberto Bolado. Son
financement est privé et il a un coût de production de 14 millions de pesos
(1.4 millions de dollars ou 780.000 euros), il a perçu plus de 70 millions de pesos en recettes et a été vu par
plus de 2.5 millions de spectateurs uniquement au Mexique[11].
« AmarTeDuele »
raconte l’histoire de deux jeunes, des classes sociales différentes qui tombent
amoureux l’un de l’autre. Face au désaccord
de leur entourage, ils commencent une relation en cachette qui finira par être
découverte menant à un dénouement tragique. En conséquence, le film met en scène plusieurs archétypes de
la jeunesse de la ville de Mexico dans son contexte urbain et
contemporain ; il s’agit d’un récit sur la discrimination sociale et
l’idéalisme propre à cet âge. Pour transmettre cette idée, le réalisateur
s’appuie d’une part sur le scénario et d’une autre part sur des procédés
techniques.
Pour
ce qui correspond au scénario, il utilise un langage familier comme ressource
emphatique de la différence et comme preuve concrète de l’existence de
celle-ci. De l’autre coté, ce qui correspond aux procédés techniques, la
caractéristique la plus remarquable est le mélange de supports, de formats et
des filtres. Enregistrée à trois
caméras, il utilise le support classique de 35mm ainsi que la caméra digitale
de haute définition et une vidéocaméra non professionnelle. Cette proposition
esthétique a un double but ; celui de l’expérimentation par elle-même et
la mise en valeur de la différence des deux mondes décrits dans le film. Le
mélange des filtres et des couleurs est aussi un aspect important du
film : les scènes en noir et blanc seront un monde neutre, celui du centre
commercial où les jeunes se retrouvent. Ces scènes s’intercalent avec celles en
couleurs où il sera question de couleurs saturés et vives pour le monde
quotidien de la classe populaire et d’une ambiance plus légère quand le monde
de la classe riche est montré. La caméra digitale sera utilisée pour marquer
l’interaction amicale au sein des deux groupes. Quant aux techniques de
montage, il est nécessaire de dire que l’utilisation sporadique d’un style
Bande Dessinée aide à résoudre les situations de l’argument et imprime une
vélocité conséquente aux dialogues.
Le réalisateur
Fernando
Sariñana est producteur, réalisateur et scénariste. Ayant fait une double licence, il est diplômé
en Gestion d’entreprises par
l’Université Technologique de Mexico et
en Sciences de la Communication par l’Université Autonome Métropolitaine de
Xochimilco ; il a un master en Cinéma et Télévision de l’Université de Californie.
Il
commence sa carrière dans les années 80, il a travaillé en tant que directeur et
producteur à l’Institut Mexicain de la Télévision (IMEVISIÓN) où il a géré les
programmes pour l’Unité de Télévision Educative et Culturelle du Ministère de
l’Education. Au milieu des années 80, il
déménage à Los Angeles où il a travaillé en tant que producteur de télévision.
Il
rentre à Mexico en 1992 où il devient producteur du film « Modelo
Antiguo » (Modèle Vintage) de Raul Araiza (1992), « La vie
conjugale » de Carlos Carrera ainsi
que du film « Miroslava » d’Alejandro Pelayo(1993). De 1994 à 1996 il
est Directeur de production à l’Institut Mexicain de Cinématographie
(IMICINE), et il fait ses débuts comme
réalisateur avec le film « Hasta morir » qui lui a été confié par le
Conseil Général de l’IMCINE.
En
1997 il devient directeur de la maison VenenoProducciones et en 1999 il écrit en collaboration avec Enrique Renterîa
et Carolina Rivera, le film dont il sera aussi réalisateur : « Todo
el poder » (Tout le pouvoir). Il réalise en 2000 « El segundo
aire » et en 2001 « Ciudades obscuras » (Cités obscures) ;
ce dernier adapté du roman de Juan Madrid : Chroniques du Madrid obscur.
« AmarTeDuele » film dont il est réalisateur et producteur associé qui
est aussi tourné en 2001.
En
tant que réalisateur et producteur, il fait « Cero y van 4 » en 2004,
« Sexo, amor y otras perversiones 2 » (Sex, Love et autres
perversions 2) en 2006 et « Niñas mal » (Mauvais filles) en 2007. En
2008 il réalise le film « Enemigos întimos » (Ennemis intimes) et
produit « Señor Pâniko »[12].
3°. Analyse du film
La
narration présent la forme basic du conflit : «Quelqu’un (Ulises) veux
quelque chose (Renata) et quelqu’un ou quelque chose (Francisco, les groupes
d’appartenance) le lui empêche.
Par
ailleurs, le personnage de Renata pourrait être vu comme celui de l’héroïne
qu’unifie les deux classes sociales en éliminant les différences qui les
séparent. Renata est d’ailleurs, pour Ulises « Miria » la compagne de
« Frior », celle qu’enfante le monde de « Effedra » le
monde « où tous les hommes sont égaux ». Ce support sert comme
renforçateur au sein de l’histoire. De son coté, le personnage d’Ulises
fonctionne comme l’héro qu’intègre en sa conception du monde les contraires du
monde qui l’entoure. En opposition se trouvent les personnages de Mariana et
Francisco, antihéros dont l’objectif est de maintenir et souligner les
contraires de l’entourage.
Dans
l’histoire, c’est Ulises qui traverse par les trois moments essentiels de
l’héro proposés par Ortiz dans son article sur l’héro moderne[13] :
Ulises entre dans un moment Preliminaire
(rupture du quotidien) quand il commence à sortir avec Renata ; va changer
au fur et à mesure et devenir Liminaire quand
il commence à se confronter et séparer de son groupe à cause de son liaison
avec elle. Il se montre ainsi comme un héro authentique car il essaye d’être
médiateur dans pour les classes sociales
opposées. Contrairement à Renata (que va passer aussi par l’étape Preliminaire
et Liminaire), Ulises entrera à la fin du film, dans l’étape postliminaire (retour à la
quotidienneté), avec la mort de Renata Ulises dépasse les limites internes et
fini par triompher non sur les autres mais sur lui-même.
Sur
le plan formel il vaut la peine souligner que la ville de Mexico fonctionne non
seulement comme un cadre mais aussi
comme une spécificité stylistique ; chaque plan évoque un corpus
d’identifications sociales. Ceux-ci sont fugaces et leur caractéristique est
principalement la multiplicité. En outre, les rues, les immeubles, les
autoroutes forment un éventail expressif lié à certaines attitudes. L’usage des
plans généraux et d’ensemble permet la reconnaissance géographique et souligner
les clases sociales que lui sont attachées dans l’imaginaire collectif de la
ville. Cette caractéristique sera utilisée par le réalisateur pour donner force
à la narration de l’histoire.
- Analyse d’une séquence : La
descente du groupe d’appartenance de Ulises au collège de Renata
Cette
séquence a été élue car la pluralité de personnages secondaires peut être lue
comme une façon de montrer la multiplicité des tribus urbaines et la
représentation de nouvelles identités. Elle montre aussi les conflits de
classe, qui sont indépendants aux conflits raciaux.
Pour
la façon d’être filmée, les personnages secondaires du groupe d’appartenance
d’Ulises symbolisent, dans leur mouvement rapide et non figé, le
changement et la multiplicité
d’appartenances sociales. L’usage de plans de demi-ensemble et de plans moyens
souligne les différentes attitudes et l’opposition entre les deux classes ainsi
que leurs réactions. Dans une mesure non négligeable, les vêtements des
personnages synthétisent les idées
véhiculées par ces groupes qui s’opposent, de manière générale au groupe de la
classe dominante.
Dans
cette séquence il n’y a pas de dialogues proprement dits néanmoins, il a de
phrases criées dans le vacarme qui sont parfaitement audibles et qui vont de la
main avec un jeu entre les mots et les mouvements des lèvres.
4° Réception
Le
film sort le 8 novembre de 2002. Il
partage dans son premier mois, les
salles de cinéma avec « 8 mile », « Real women have
curves », « Harry Potter and
the chamber of secrets », « Die an other day », « Treasure
Planet », “Solaris”, “The lord of
the ring: the two towers”, “Maid in Manhattan”, et “Startreck Nemesis”. Il a été en salles 16
semaines, a été vu par plus de 2.5 millions de spectateurs et il récupère en
recettes la totalité de son inversion avec un revenu positif de plus de 56
millions de pesos (5.6 millions de dollars, 3.3 millions d’euros)[14].
La
critique de presse spécialisé l’a beaucoup critiqué. Ils ont critiqué surtout
le coté commercial du film, la représentation du drame en lui-même et la
collaboration étroite avec ses parents pendant, durant et pour la réalisation
du film[15]. Il
est donc possible de faire trois divisions dans les critiques : celles qui
ont parlé de son rôle dans le panorama du cinéma Mexicain ; celles qui ont parlé de la forme
cinématographique, de l’aspect technique et du tournage en général ; et celles
qui ont parlé de la forme narrative de l’histoire. Néanmoins, il est important
de dire que la plupart des critiques ont une vision modérée du film, ils
signalent ses manques mais soulignent aussi ses exploits.
Les
critiques, les plus dures sont celles relatives au rôle de Sariñana en tant que
réalisateur Mexicain ; elles lui reprochent son manque de compromis et une
recherche trop poussée de succès commercial.
Comme l’exprime le critique Luis TOVAR dans sa colonne de La Jornada
« N’importe
qui pourrait penser que Fernando Sariñana, récepteur du privilège de tourner
deux films dans un pays où la plupart reste avec l’envie, pourrait faire
beaucoup plus que ce qui est montré ici. “AmarTeDuele” met en évidence qu’il y
a des voix qui ne murissent pas. J’espère toutefois qu’il sera inspiré par les
musses et que celles-ci lui convaincront de se compromettre plus avec ses idées
et moins avec sa bourse. [16]”
La
réponse de Sariñana n’a pas tardé, il explique le succès commercial de son film
en disant : « J’ai fait ce film en prenant compte les attentes du
public et de la jeunesse, et je l’ai mélangé avec ce que je voulais faire et
dire. C’est une idée très étatsunienne, mais je n’en ai rien contre. Je ne vois
pas le fait d’écouter l’opinion et les goûts des autres comme une limitation à
mon travail.[17]»
Cependant,
la critique de TOVAR trouve un écho dans
celle de la Rédaction de PROCESO, où est écrit : « En utilisant les
stéréotypes les plus simples pour résoudre le conflit de son histoire, le film
devient une caricature ridicule, absurde et peu crédible qui fait tomber le
spectateur dans un ennui impressionnant. [18]»
A
la critique sur les clichés utilisés dans le film, Sariñana réplique, entre
autres, par l’interview au «Siglo de Torreôn »:
«Quand on parle de discrimination, on pense
immédiatement aux peuples indigènes, comme s’ils étaient les seuls. Je crois
que le Mexique est beaucoup plus complexe, la discrimination est plus une
question de classe et de pouvoir économique que d’une origine raciale. Je
voulais dire ça de façon concrète et que chacun réfléchisse comme bon lui semble. [19]»
Cette
réflexion épouse le postulat de Javier TREVINO à propos du racisme au Mexique.
Avec cette déclaration, l’autre imaginé comme cliché et effacé en tant que
component réel de la société, pourrait être lu comme un racisme cadré, utilisé
pour épargner le groupe de se mettre en cause et assurer un continuum d’équilibre
social.
D’un
autre coté, les critiques qui portent sur les techniques cinématographiques, l’aspect
technique et le tournage en général, sont souvent des critiques positives.
Elles reconnaissent volontiers les procédés et les propositions innovantes du
réalisateur. « Les ressources techniques utilisées dans le film comme le
grain explosé, la caméra à la main et la division de l’écran, sont des éléments
qui aident et soutiennent la narration de l’histoire.[20] »
Cette façon de procéder n’est peut-être aussi innovante actuellement, mais en
2002 il était le premier réalisateur à utiliser une caméra de main non
professionnelle. Il a été aussi des premiers à diviser l’écran pour montrer
plusieurs cadrages en même temps. Ceci était si nouveau dans le cinéma Mexicain
que certains des critiques expliquent le succès du film de par sa technique.
« Cela est arrivé (le succès) car le film
a été conçu de façon globale, il y a des performances fraîches, la musique est
de haut niveau et s’inscrit parfaitement dans l’action. Le scénario a été
ardument travaillé et la photographie de Chava Cartas est comme d’habitude impeccable. Tout cela à mains d’un réalisateur qui sais prendre
de risques dans le format et la couleur et qui sais surtout, intégrer dans son
équipe les personnes adéquates. [21]»
Finalement,
celles qui ont parlé de la forme narrative, se centrent sur les
ressemblances que l’on peut trouver avec
l’histoire de Romeo et Juliette ainsi que sur les performances des comédiens et
sont souvent des critiques neutres. Il serait possible de dire que Sariñana a
influencé la presse vers cette comparaison, bien avant la première du film, il
s’exprimait déjà en disant : « Mon film est une récréation de Romeo
et Juliette dans le Mexico de nos jours. Fondamentalement il s’agit d’une
histoire d’amour mais dans le fond il y a la discrimination en non
l’honneur. [22]»
Comparaison qui a été acceptée et soulignée par les médias : « AmarTeDuele »
est la version Mexicaine de Romeo et Juliette, sauf que ce film peut se lire
plus comme un discours moraliste que comme une innovation narrative. Cependant,
Sariñana arrive à créer de grands moments, émouvants et suppressifs. [23]» Parfois, les critiques vont plus loin en
critiquant aussi le manque d’originalité ;
« Le
sujet manque d’innovation, il a été tellement revisité que l’on est lassé. Et après
avoir vu le film, il est évident qu’il s’agit d’une version plus que revisitée,
recyclée de l’œuvre avec laquelle elle se compare et à laquelle ne ressemble
pas, même pas de loin. Néanmoins les performances sont très bonnes, elles sont
vraiment naturelles, on ne se rend pas compte qu’ils jouent un rôle. [24]»
Par
ailleurs, du coté du public, le film a
eu une très bonne réception. Pendant les 16 semaines qu’il a été exposé en
salles, il a eu plus de 2.5 millions de spectateurs. Il a été nominé à
plusieurs prix internationaux et en a gagné certains (comme le Prix du Public
au Festival de Cinéma Latino de Chicago). Mais ce dossier parle uniquement de
la réception au Mexique, ainsi, il est important de dire que « AmarTeDuele » a gagné 4 MTV Movie
Awards Mexico : Film favori du
public, Meilleur actrice principale, Meilleure chanson et Meilleur vilain[25]. Les MTV Awards sont décernés par vote direct du
public de la chaîne, il est donc représentatif des goûts d’une audience
particulière.
Conclusion
Finalement,
il semble judicieux parler de la critique de Hill DIAZ, présentée dans sa
colonne pour le magasin Fotomac le 28 avril 2012.
«J’ai
visionné à nouveau le film, cette fois en DVD, et j’ai découvert plusieurs choses
que j’avais loopé la première fois. Comme par exemple que Martha Higareda joue
son rôle de façon incroyable, que Luis Fernando Peña n’en est pas loin et que
si le film commence lentement, il décolle
dans le deuxième acte et arrive à son climax de forme naturelle. Que la fin est
un peu prématurée et que le photographie est originale dans le plus ample sens
du mot. Qu’il y a des moments d’une grande intensité dramatique et que le
soundtrack est vraiment sublime. [26]»
Cette
critique peut s’expliquer de par le recul qui signifie 10 ans de mûrissement. Il semble nécessaire
de dire que les acteurs, jadis méconnus de « AmarTeDuele » font
aujourd’hui parti du canon légitime du milieu audiovisuel Mexicain et même
latino-américain. Il ne serait pas faux dire que le film est passé d’un statut
de film commercial, pour les grands ados,
à une référence comme « La première apparition de… »
[1] Période
comprise entre 1521, où tombe la ville de Tenochtitlan, la capital de l’empire
Aztèque et le 16 septembre 1810, jour où commence la lutte d’indépendance.
[2] TREVINO, Javier. Racismo y comunidades
imaginadas en México. Estudios Sociológicos, Vol. XXVI, N°. 3, sept-déc ,
2008. Mexico, Mexique.
[3] Ibidem
[4] Institut
Mexicain de la Cinématographie IMCINE
www.imcine.gob.mx/Informes-y-estadisticas.html
[5] Première
compte rendu du gouvernement du Présidente Vicente Fox Quesada à l’Honorable
Congrès de l’Union : 1er Septembre 2001.
[6] Contreras
Soto, Ricardo. Analyse critique de la culture; état d'intolérance. Compte
rendu: racisme et discrimination Université de Guanajuato Faculté des Sciences
Administratives. Janvier 2008, Guanajuato, Mexico.
[7] LOPEZ
SANCHEZ, Ericka. La jeunesse Mexicaine et le cercle vicieux de l’intolérance.
Direction Générale adjointe d’études, législation et politiques publiques.
CONAPRED décembre 2009. Mexico, Mexique.
[8] Courant
artistique du XX siècle où l’irréel et le bizarre se montrent comme une partie
intégrante de la réalité et le quotidien. Parmi les représentants les plus
connus se trouvent Garcia Marquez, Borges, Neruda y Rulfo.
[9]
Statistiques officielles http://www.imcine.gob.mx/largometrajes-mexicanos-producidos.html
[10]
Archives officielles www.imcine.gob.mx
[12] CACHO, José. Escritores del cine mexicano.
Université Nationale Autonome du Mexique, Septembre 2011. Mexico, Mexique.
[13] ORTIZ, Andrés. Mitologia del héroe
moderno. Revista Internacional de Estudios Vascos Année 43, Vol. 40 N°2
[14]
Cinépolis base de datos en internet : Cinépolis
OnLine www.cinepolis.com.
[15] La scénariste Carolina Rivera est
son épouse et le rôle de Mariana est joué par sa fille Ximena Sariñana.
[16] TOVAR, Luis. « Y mi voz que (no)
madura » La jornada, Mexico Dimanche 17 novembre 2002: n°402.
[17] CABALLER, Neus. Nitrato de plataMéxico
[18] Reaction de Proceso. « Amar te
duele ; lucha de clases y amor a la Romeo y Julieta » Proceso Mexico
[19] Rédaction « Como Romeo y
Julieta » El siglo de Torreôn Torreôn, Cohauila.
[20] Rédaction « Como Romeo y
Julieta » El siglo de Torreôn Torreôn, Cohauila.
[21] Rédaction « Los mexicanos de
pantalla » Viceversa N°31 Mexico.
[22] MARTINEZ, Adolfo. « Y Amar te
duele » EL Nacional Argentine.
[23] Colaboraciones. « Amar TE
duele » Cinengaños Mexico
[25] MTV Movie Awards,
archives.
[26] DIAZ, Hill « Pelîculas que nos
devolvieron nuestro cine » www.focoMagazine.com
Sources d’information
Articles relatifs au racisme et à
la discrimination
CONTRERAS SOTO, Ricardo. Anâlisis crîtico de la
cultura : estado de intolerancia. Reporte de racismo y discriminaciôn.
Université de Guanajuato Faculté des Sciences Administratives. Janvier 2008,
Guanajuato, Mexico.
LOPEZ SANCHEZ, Ericka. La juventud Mexicana y el cîrculo
vicioso de la intolerancia. Direction Générale adjointe
d’études, législation et politiques publiques. CONAPRED décembre 2009. Mexico, Mexique.
PARRA MENCHACA, Sergio. Cohesiôn social y discriminación
en México. Direction Générale adjointe d’études, législation et
politiques publiques. CONAPRED décémbre 2008. Mexico, Mexique.
RESENDIZ, Rafael. La naco-cultura, una lectura de la
cultura marginal de México. Hypermedia ediciones, México, 2005.
TREVINO, Javier. Racismo y comunidades imaginadas en
México. Estudios Sociológicos, Vol. XXVI, N°. 3, sept-déc , 2008. Mexico, Mexique.
Articles et critiques de presse relatifs
à l’industrie cinématographique Mexicaine
CABALLER, Neus. Nitrato de plata México
CACHO, José. Escritores del cine mexicano. Université
Nationale Autonome du Mexique, Septembre 2011. Mexico, Mexique.
Colaboraciones. « Amar TE duele » Cinengaños Mexico
DIAZ, Hill « Pelîculas que nos devolvieron nuestro cine »
www.focoMagazine.com
MARTINEZ, Adolfo. « Y Amar te duele » EL Nacional Argentina.
Reaction de Proceso. « Amar te duele ; lucha de clases y
amor a la Romeo y Julieta » Proceso
Rédaction El Siglo de Torreôn « Como Romeo y Julieta » El
siglo de Torreôn Cohauila, Mexique.
Rédaction de Viceversa « Los mexicanos de pantalla » Viceversa
N°31 Mexico.
SULAIMAN, Martin. « AmarTeDuele, amar te duele ». Cinencanto
TOVAR, Luis. « Y mi voz que (no) madura » La jornada,
Mexico Dimanche 17 novembre 2002: n°402.
Sites relatifs à l’industrie
cinématographique Mexicaine
Institut
Mexicain de la Cinématographie IMCINE www.imcine.gob.mx
Cinépolis
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Autres sources
ORTIZ,
Andrés. Mitologia del héroe moderno. Revista Internacional de Estudios Vascos Année 43, Vol. 40 N°2
Première
compte rendu du gouvernement du Présidente Vicente Fox Quesada à l’Honorable Congrès
de l’Union : 1er Septembre 2001
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