"Le nouveau nom" de Elena Ferrante

Après "L'amie prodigieuse" Elena Ferrante nous fait cadeau de "Le nouveau nom" Lila, nouvelle mariée peine à s'intégrer dans sa nouvelle vie de femme soumise, tandis que Lenu continue, tel la tortue de la fable, à poursuivre ses études.

"Lila resta presque toujours debout, s'asseoir lui faisait trop mal. Personne, pas même sa mère qui n'ouvrit pas la bouche de toute la réunion, n'eut l'air de remarquer qu'elle avait l'oeil droit noir et gonflé, la lèvre inférieure ouverte et des bleus sur les bras."

Ce deuxième tome est aussi solide que le premier. La relation de Lila et Lenu nous montre le visage cachée de l'amitié féminine, pleine de jalousie et de rancunes mais pas pour autant moins vraie et profonde.

"Ne pas avoir expliqué tout de suite ce qui s'était passé rendait maintenant compliquée, et peut-être inutile, toute tentative de réparer mon erreur."

Le contraste entre les deux amies grandit à chaque page, les faisant différentes et au même temps toujours semblables. Tandis que Lila essaye de survivre à son rôle d'épouse, Lenu commence à comprendre, avec les yeux de l’intellectualité italienne de l'époque, les contraintes propres à leur conditions de femmes et qui plus est, de femmes pauvres, issues d'un milieu modeste qui manquait de raffinement.

"Mais je pensai: ce n'est pas vrai, je te raconte des mensonges. Dans l'inégalité il y avait quelque chose de beaucoup plus pervers, et maintenant je le savais. Quelque chose qui agissait en profondeur et allait chercher bien au-délà de l'argent."

Si bien Lenu assiste à l'université et continue ses études, cette fois en jeune femme liberée, loin du foyer et du carcan familiale, elle se rend vite compte que les choses ne sont pas aussi simples. qu'il ne suffit pas de faire semblant.

"J'avais vite compris que Franco et sa présence dans ma vie avaient occulté la réalité de ma condition sans la changer: je n'avais pas véritablement réussi à m'intégrer."

Nous assistons ainsi, tout au long du livre, au processus de mûrissement des amies. Leur passage de l'adolescence à la jeunesse, on les voit, page après page, perdre leur innocence, leur crédulité, leur enfance pour commencer à s'assumer telles qu'elles sont.

"En les écoutant, père et fille, je compris ce que je n'avais jamais eu et qui, maintenant je le savais, me manquerait toujours."







-Il faut peu de temps à une conviction fragile pour faiblir et finir par céder.


-Antonio n'était pas comme Stefano. Il ne m'aurait jamais fait de mal, il n'était capable que de s'en faire à lui-même.



-Il avait grand besoin de s'exprimer, de synthétiser ses lectures et de mettre en mots tout ce qu'il observait directement. C'était sa manière d'ordonner ses pensées -parler, parler, parler- mais c'était aussi sans doute, me dis-je, le signe d'une solitude.

--Et ceux d'en haut descendront volontiers? Et ceux d'en bas renonceront à monter d'avantage?

-Dans le monde, tout était équilibre et tout était risque: celui qui n'acceptait pas de prendre des risques et n'avait aucune confiance dans la vie dépérissait dans un coin.

-Je n'était pas capable de m'abandonner à de véritables sentiments. Je ne savais pas me laisser entraîner au-délà des limites.


-Mais ce qui me blessa le plus, ce fut de sentir que derrière sa fierté de mère, il y avait la crainte de qu'à tout moment les choses puissent changer et que je risque de reprendre des points, détruissant ainsi ses occasions de se vanter. Elle croyait peut en la stabilité des choses.

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