Oui, je sais que tu viens
Oui, je sais que tu viens,
ma mort,
la mort qui sera la mienne…
Quand tu viendras,
sois douce, veux-tu ?
Viens baisser mes paupières,
fermer sur toutes choses mes yeux :
qu’ils regardent enfin
le jour du dedans,
les clartés de la nuit,
ce qu’ils n’ont jamais vu encore,
à force d’être ouverts,
comme des yeux d’aveugles,
aveugles comme un mur.
Oh ! Sois douce, veux-tu ?
Arrête doucement ce cœur,
et que mon sang, d’un coup,
devienne comme l’eau,
comme la mer étale,
silencieuse et calme,
et que soit suspendu
ce battement en moi des vagues,
qui me faisait aller
où Dieu n’était pas.
Sois douce, ô mort, veux-tu ?
Détend les muscles de ce corps
et que s’ouvre une dernière fois
ma bouche,
quand elle aura fini
son temps de louange et de plainte.
Et que s’en aille enfin de moi,
vers lui qui me l’a donné,
le souffle qui me fait,
maintenant encore,
tenir en un, debout.
Sois douce, ô mort…
dénoue mes mains
pour qu’elles s‘ouvrent
et se décrispent,
et ne prennent plus rien,
pour que l’oiseau s’y loge
— comme aux fenêtres de l’arche —
sans trembler,
qui apporte en signe de paix
le rameau d’olivier
impossible à cueillir.
Didier RIMAUD
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