Origines. Amin MAALOUF

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"Mais il y est des relations d'amour qui fonctionnent ainsi, sur le mode du manque et de l’éloignement. Tant qu'on est ailleurs, on peut maudire la séparation et vivre dans l'idée qu'il suffirait de se rejoindre. Une fois sur place, les yeux se dessillent: la distance préservait encore l'amour, si 'on abolit la distance on prendre le risque d'abolir l'amour."

"Il faisais froid en cette fin de journée, il pleuvait et ventait de plus belle, le village n'était pas ainsi dans mon enfance; il est vrai que je n'y montait pas souvent l'hiver. Mais je l'aimait ainsi; j'aurais moins bien supporte que tout ressemble encore à l'environnement de mon bonheur et que seul mon bonheur n'y soit plus."

"Ses seins, des grenades d'ivoire, 
dans un flot de lumière, 
même couverte, sa poitrine répand encore
une rouge clarté de crépuscule..."*

"Vous avez raison de critiquer les dirigeants de nos pays, mais ne vous bornez pas à cela; si les dirigeants sont corrompus, c'est parce que la population l'est tout autant. Les dirigeants ne sont que l'émanation de cette pourriture généralisée. C'est par la racine qu'il faut guérir l'arbre."*

"En raison de cette banalisation, et aussi en raison de cette distorsion dans l'échelle de valeurs qui nous fait dédaigner les activités socialement utiles au profit des activités pécuniairement rentables, l'enseignement a beaucoup perdu de son prestige."

"La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur ou d'indifférence; encore faut-il que l'on désire passionnément écarter ces voiles."

"De toute manière, pour les deux frères il était trop tard. Depuis trop longtemps leurs routes avaient irrémédiablement divergé, et seuls les liens du sang avaient maintenu entre eux un dialogue sans véritable complicité. "

"J'ai passé ma vie à parler d'amour,
et il ne reste de mes amours que mes propres paroles..."*

"Imagine-t-on se qui se passerait si le blanc de l'oeil refusait de cohabiter avec le noir de l'oeil sous une même paupière?"*

"Comme un taureau mené à l'abattoir dans la honte et qui regrette le temps de l'arène où il pouvait au moins mourir en se ruant."

"J'ai soudain le sentiment d'être né dans cette ville. Oui, dans cette ville aussi."

"Le passé est forcément fragmentaire, forcément reconstitué, forcément réinventé. On n'y récolte jamais que les vérités d'aujourd'hui. Si notre présent est le fils du passé, notre passé est le fils du présent. Et l'avenir sera le moissonneur de nos bâtardises."

"Tu commences à pleurer ta jeunesse 
dès qu'apparaissent tes premiers cheveux blancs,
fleurs minuscules au milieu de ronces.
Mais cet âge mûr lui-même,
tu as tort de le gaspiller en lamentations,
car lui non plus, ne durera pas.

Il ne sert à rien de regretter sa jeunesse, 
ni de maudire la vieillesse,
ni d'avoir peur de la mort,
ta vie, c'est la journée que tu es en train de vivre,
rien d'autre. Alors divertis-toi, sois heureux,
et sois prêt à partir."*

*Poèmes de Botros Maalouf
 
 

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