Je la voulais lointaine de Gaston-Paul EFFA

*-Tu sais, me dit-elle la larme à l'oeil, tu sais, il n'est pas possible d'échapper à soi même, même en partant à l'autre bout du monde.

*Elle m'apprenait que la vérité du visage, c'est ce qui laisse deviner l'âme, que les mots donnent des ailes et peuvent mener plus loin que la terre, qu'ils servent à autre chose qu'à nommer ce qui nous entoure, ce qu'on sent au-dedans de soi, qu'ils peuvent changer les objets du monde en choses immatérielles, que la méchanceté est un couteau autrement tranchant que l'acier, que derrière chaque symbole, il y a une idée, qu'il n'est pas besoin de vouloir donner un air d'éternité à ce qui passe.

*Est accusé de sorcellerie celui qui s'aventure dans le plein jour des humains.

*Un instant les souvenirs m'apparaissaient pareils, allant et venant, circulant dans l'espace invisible de l'esprit. Ils traversaient mon coeur comme une glaive. Je me disais que ma vie n'avait été qu'une longue erreur, un aveuglement qui demandait à être exorcisé.

*Partir avait été pour moi une façon de fuir. Ce n'est que bien plus tard que j'ai compris que l'exilé est par définition celui qui se tourne vers ce qu'il a vécu, non celui qui s'en détourne.

*Une nouvelle vie toute entière ne serait pas assez pour revivre celles-ci, que j'ai pourtant si peu, si mal vécues.

*La tradition exige qu'on oublie tout, en particulier l'espoir de se souvenir.

*-Chaque vie est une légende. A chacun d'écrire la sienne.

*Au fond, il ne m'aura peut-être manqué que la force et le courage de lâcher prise. Je n'ai su m'abandonner aux choses, aux êtres, aux éléments. Être, tout simplement. Le temps d'un voyage, le temps d'une rêverie, pour que j'accède à cette tardive maturité. Un mythe inaccessible.


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